Face aux turbulences croissantes qu’affrontent les entreprises, et qui parfois les broient, certaines pourtant prospèrent. Quel est le secret de leurs dirigeants ?
L’opinion dominante veut que l’attribut du dirigeant à succès soit l’intelligence et que celle-ci se sélectionne par le QI, des études difficiles ou une brillance intellectuelle forte. L’expérience dément ces présupposés car cette intelligence ne conduit pas toujours au succès, bien au contraire.
Conférence Plénière Plato 2023 – Michael Boulic.
Quel est donc le secret des victoires dans la tempête ?
C’est selon Michael Boulic normalien, statisticien économiste, breveté de l’Ecole de Guerre, la qualité du regard qui fait la différence.
Mais de quel regard parle-t-on ?
Michael Boulic en propose 3 : l’œil du fou, l’œil du tacticien et l’œil du cyclone ou œil du sage, qui chacun renferme des savoir-être ou invite à développer des savoir-faire, propices à braver les tourmentes.
Zoom sur chacun d’entre eux.
1er conseil : retrouver un vrai contact avec le réel
Le constat est sans appel : nos yeux voient souvent ce qu’on cherche déjà ; nos émotions nous trompent parfois nous faisant notamment nous aligner sur « le groupe », finissant par croire qu’il a raison, alors que le nombre ne fait pas la valeur.
Le sage, lui, est en revanche sans idée ; sa rectitude morale et son impartialité sont les conditions de son intelligence.
L’œil du fou, c’est l’insensé, comme le fou du roi. Celui qui voit tout. Il est le miroir convexe qui va changer la perspective… qui va permettre de chercher d’autres perspectives et avoir ce regard qui nous manque dans notre business.
Trois pistes possibles pour un dirigeant, afin de trouver « son œil du fou » qui le ramène à la réalité :
- Fréquenter les « marges » à savoir des personnes différentes, hors de ses univers habituels ;
- S’entourer d’un groupe de réflexions qu’il sollicite sans crainte, devant lequel il tombe le masque ;
- Identifier « son pénible » – une personne qui enrichit son point de vue, même s’il n’a pas raison.
2ème conseil : avoir prise sur le réel
Pour développer un œil de tacticien, il est préférable de se concentrer sur son périmètre, son mètre carré, sur lequel on a prise.
Là encore, trois axes de travail :
- Revenir au présent et s’interroger sur sa robustesse face aux risques actuels ;
- S’exposer aux vents favorables, en cultivant la décentralisation, la souplesse et la réactivité – autrement dit faire preuve de subsidiarité. Le principe de subsidiarité consiste à positionner le pouvoir de décision le plus près possible de l’action. Il s’agit d’attribuer chaque mission au niveau le mieux à même de l’exercer, favorisant ainsi la créativité et la prise d’initiative dans une logique « bottom-up » ;
- Avoir le regard fixé sur l’objectif en ayant un cap ainsi qu’un but simple compris de tous et essentiel pour la réussite de la mission. C’est le concept de l’effet majeur, qui a une double utilité. Il « contraint » à la clarté de la pensée du leader/dirigeant et à sa capacité à s’adapter en cours de route car il sait ce qui est essentiel. Il permet d’autre part l’initiative des subordonnés/collaborateurs puisqu’eux aussi connaissent l’objectif à atteindre avant tout.
3ème conseil : plonger au cœur des paradoxes
Le dirigeant est indispensable pour prendre les bonnes décisions. Cela suppose qu’il gère au mieux son énergie. Par conséquent, trois règles d’hygiène de vie sont à cultiver :
- Gérer son énergie pour en faire moins et pour que tout soit mieux fait :
- Être sélectif et cultiver le « Moins s’informer pour être mieux informé »
- Être le sage qui nous habite : trouver la plénitude… en faisant le vide.